LE JOUR DE L'EXILÉ
Permettez-moi de vous raconter
De mon exil la fameuse histoire
En peu de mots ainsi le résumé
Et de vous raconter mes jours noirs
Je fûs donc de la varicelle atteint
Aussitôt en éxil on m'envoyait
Ainsi abandonné dans le lointain
De longs jours sans compagnons je restais
Jour et nuit, comme homme infortuné
N'ayant la journée autre compagnon
Que l'oiseau, sous mes yeux prosterné
Chantant joyeux auprès de ses oisillons
Quelques étoiles dans la nuit noire
Perçant le carreau de ma tendre prison
Et rendant de mes jours quelques espoirs
A mon coeur perçé par un espadon
Et le matin un rayon lumineux
Dans le lointain du soleil se levant
Eclaircit mon visage malheureux
D'une douce lumière pénétrante
Et le soir auprès de ma fenêtre
Je contemplais d'un regard attentif
Le soleil couchant derrière les hêtres
Où se cache le hiboux inactif
Alors la nuit succédait au jour
Une nuit de Printemps, pure et belle
Les étoiles chacune à leur tour
Apparaissaient dans un pur ciel
Alors vers Dieu élevant mon âme
Je Le priais avec grande ferveur
Et en même temps Marie Notre-Dame
De me donner un repos de faveur
Brive, 24 mars 1949